Blogue à part

Je sens poindre une discussion à base de "hum hum tu sais", "j'ai bien réfléchi", "je n'ai rien contre toi", " t'es quelqu'un de [insérer compliment]", "j'ai pas osé de te le dire mais",  "ne m'en veux pas mais ...", " j'suis pas bien", "je pensais que tu avais remarqué que ces derniers temps ...", "donne de tes nouvelles/prends soin de toi/que la Force soit avec toi/hasta la vista baby/ne traverse pas au rouge/pense à manger 5 fruits et légumes par jour ... ".

Si les faits se révèlent avérés je ne manquerai pas de lui faire remarquer qu'il était inutile qu'elle me susurre à l'oreille « qu'elle est bien avec moi, blablabla ... »

C'est pas grave, j'suis prêt, elle n'aura pas la prime de l'effet de surprise. Elle aura en face d'elle un mec qui a eu le temps de se préparer comme quelqu'un qui prépare un entretien. J'ai révisé mes forces, mes faiblesses.

Paranoid androide. Lalaaaaa. Et si après tout le problème ne venait que de moi ? A force de voir  le mal ou il n'est pas, de me triturer les méninges pour des considérations anecdotiques. J’espère qu’elle ai raison de me donner tort.

Bonjour doc'  je crois que suis en train de virer parano. Pourtant j'essaie de me persuader que tous les indicateurs sont au vert. Au vert ? Au vert pâle alors ! Je lui propose qu'elle m'appelle une fois qu'elle est chez elle. Elle ne m'appelle pas. C'est moi qui initie la démarche. Soit ! C'est normal, tout est normal, c'est sans doute sa façon d'être. J'me rassure comme je peux mais la methode Coué atteint vite ses limites.

Pour me rassurer je pourrais me dire que même lors du pic de loveloveitude elle n'a pas abusé des moyens modernes de communication. Est-ce de la timidité ? Une aversion du téléphone, des mails ? Je lui en toucherai un mot sous réserve qu'on soit encore ensemble d’ici là.

Je ne suis ni aveugle, ni sur mon nuage, je suis conscient que tout n’est pas rose. On se parle mais au final on ne se dit pas grand chose de constructif. Si un agent de la DGSE surprenait nos conversations téléphoniques si hachées il aurait sans doute peine à deviner qu'on est ensemble.

L'heure n'est pas si grave que cela si j'en croit la facilité avec laquelle j'ai trouvé le sommeil hier soir. 22h sous les plumes, le temps de cogiter un peu, d'envisager des solutions extrêmes (genre si ce coup ci ça ne marche pas, cela sera une preuve supplémentaire que je suis perdu pour l'humanité. Inutile de continuer de vivre. Autant en finir, j'me jette sous un train). 1/4h plus tard je dors comme un loir. Une bonne nuit de sommeil a suffit à balayer mes fantasmes depressivo-ferroviaires. J’ai hâte d’être à ce soir, j’ai besoin d’être fixé. Ce ne sont pas les certitudes qui rendent fou, ce sont bel et bien les doutes disait Jessaipluki (un Japonais sans doute). 

Ce qui me contrarie le plus ce n'est pas que l'histoire se termine c'est surtout que je n'arriverai pas à embrayer sur autre chose dans la foulée. Le temps de remettre la machine en marche, Je n'ai pas envie de me reposer, de réfléchir, de faire un break. Je veux travailler en flux tendu. Faut enfin de que cela avance et se concrétise.

Plutôt que de jeter l’éponge prématurément je vais tacher de  reprendre les choses en main, lui parler, discuter de tout de rien. Opération réhabilitation !  Devant un apéro dans son jardin. En voila une idée qu'elle est bonne ! Je peux même me charger de fournir les munitions.

Pour conjurer le sort je fais mettre mon nouveau tee-shirt tout joli tout beau avec l'inscription "Champion" brodée en grand sur le devant. Si avec même avec pareil artifice  je me vautre lamentablement  j'aurais au moins l'occasion de faire les beaux jours du site vie de merde.

Qu'on me pisse dans l'œil passe encore mais qu'on ne vienne pas me dire qu'il pleuve.

Sans transition aucune.

J'ai fait des commandes sur un site de ventes privées. Vu les délais dignes d'une administration communiste ,  je pense que j'aurai mes fringues d'été pile poil pour l'automne. Tellement plus pratique.

Sinon à part ça, je déprime, j'ai froid et je n'arrête pas de grignoter.


(*) Onomatopée sous-entendant que je ne suis pas content du tout. 

Une semaine de cinéma avec des places à 3€50 permet d'aller voir des films qui en temps normal ne m'auraient que peu effleurés l'esprit.  Évidement pareil offre fait office d'un aimant à boulets.  Les spectateurs sont toujours aussi cons, incapables de fermer leur gueule le temps d'un film ou de s'abstenir de grignoter avec frénésie un seau de pop-corn.

L'élu du jour : «Kiss-ass» le bien nommé. Ce sont les avis élogieux des spectateurs sur Allociné qui m'ont incité à me faire ma propre idée. A ce tarif là, ce film vaut bien une messe  Je dois avouer que la bande annonce n'avait pas suscité une folle envie de me ruer dans les salles obscures.

Un Contrôle C, contrôle V des familles : Dave Lizewski est un adolescent gavé de comics qui ne vit que pour ce monde de super-héros et d'incroyables aventures. Décidé à vivre son obsession jusque dans la réalité, il se choisit un nom – Kick-Ass – se fabrique lui-même un costume, et se lance dans une bataille effrénée contre le crime. Dans son délire, il n'a qu'un seul problème : Kick-Ass n'a pas le moindre superpouvoir... Le voilà pourchassé par toutes les brutes de la ville. Mais Kick-Ass s'associe bientôt à d'autres délirants copycats décidés eux aussi à faire régner la justice. Parmi eux, une enfant de 11 ans, Hit Girl et son père Big Daddy, mais aussi Red Mist. Le parrain de la mafia locale, Frank D'Amico, va leur donner l'occasion de montrer ce dont ils sont capables...

Presque deux heures plus tard, je ressors de la salle, le sourire aux lèvres. Je suis content, j'ai vu l'OVNI du mois. Un long métrage, habile mélange de kill-bill vol1, de teen movies,  de  (faux) super héros, de GSNALF. C'est tellement du grand n'importe quoi que je n'ai pu m'empêcher d'adhérer. C'est décalé, politiquement incorrect (une gamine qui dézingue des méchants caricaturaux  par wagons entiers), des dialogues kitch,  des scènes d'actions, du sang, des couteaux et des flingues, de la musique de western. Il n'en fallait pas plus pour que je sois dans mon élément. Yeah ! Un film qui casse (hu-hu) la baraque ! 

Il est un fait avéré, je ne serais jamais l'étoile montante de la danse. Je suis conscient de ne pas avoir hérité du déhanché d'un Travolta ni la fougue d'une Beyonce.

N'empêche, je suis bien là, je suis sur la piste de mon propre gré, je mouille la chemise sur les rythmes des titres qui s'enchainent. (Je me prépare psychologiquement à endurer une playlist archi conventionnelle  du même acabit lors du mariage à mon cousin cet été ). 

Sans en avoir l'intime conviction j'ai l'impression que certains regards s'attardent sur moi. Je présage qu'il se trame des choses, qu'on rit sous cape, qu'on raconte que je bouge comme une merde informe et que mes mouvements sont digne d'un mongolien. En l'absence de preuves tangibles, je ne fais rien. Après tout je me fais peut-être des films, pourquoi  de suite penser que quiconque médit sur ma personne ? Pourtant je n'en démords pas, je reste persuadé que quelques chose de malsain se joue sous mes yeux.

J'ai tellement envie d'aller leur expliquer mon histoire. Mon accident de la route un après midi d'automne. Le choc, la lourde caisse à outils qui vole à travers l'habitacle et vient percuter ma colonne vertébrale. Les médecins m'apprendront plus tard qu'une infime partie de la moelle épinière a été touchée. Une infime partie certes mais suffisante pour contrarier certains mouvements et provoquer une irréversible gestuelle saccadée et peu académique. 

Je remercie tous les jours le dossier du siège conducteur d'avoir freiné le projectile qui a fini sa course dans mon dos. Je me rassure en me disant qu'il vaut mieux avoir la démarche d'un pantin désarticulé plutôt que de trainer ses guêtres dans un fauteuil roulant jusqu'à la fin de ses jours.

Telle aurait pu être ma plaidoirie si j'avais été témoin d'une irréfutable moquerie . A tout bien réfléchir, il est préférable que la situation ne se soit pas produite car … mentir c'est mal.

L'autre soir une nana m'expliquait, parmi tant d'autres propos insignifiants, qu'elle a fait un voyage astral. Wow ! Rien que ça ? Face à l'originalité de la situation, pris au dépourvu comme la cigale quand la bise fut venue, je n'ai su trop quoi répondre. Abonder sans son sens ? (Bin voyons ! Manquerait plus que ca !). Lui expliquer que la drogue c’est mal ? (Non, un peu de tact, entraîne toi, considère cette conversation comme un exercice, un cas pratique pour accéder à une future rédemption).

Avec un peu plus de répartie j'aurai pu lui dire que moi aussi quand j'étais gamin j'ai fait un étrange périple céleste.  Une fois la porte des étoiles franchie, et après avoir  parcouru le continuum espace-temps je me suis retrouvé devant une cathédrale gothique entourée de maisons à colombages. Ce fût d’ailleurs mon premier voyage astralsbourg !